
1) Depuis quand vous consacrez-vous à l’écriture ? Je ne sais plus. Dans les années 90 ? Longtemps je n’ai écrit que des lettres. Puis Maurice Blanchot m’a écrit que je ne devais pas me satisfaire de cela, que j’étais appelée à autre chose, que j’étais de la lignée de Louise Labé et de madame de Lafayette. Bernard Noël et Charles Juliet m’ont dit la même chose. Alors je me suis lancée. Et Métro Ciel m’a révélée au public en 1996.
2) Quels sont vos thèmes de prédilection ? L’observation pénétrante de l’humanité, la réflexion sur le monde et l’Histoire, la méditation sur le temps qui passe. D’où un regard de détective, d’entomologiste, et une plume comme une aiguille de dentellière.
3) Quels sont vos liens avec la Bretagne ? Je suis née à Ploudalmézeau, j’ai grandi au bord de la mer d’Iroise. D’où Sémaphore en mer d’Iroise qui retrace mon enfance de nord-finistérienne et la manière dont je suis devenue écrivain. D’où Les Silences de la guerre qui se déroule à Brest et le long du mur de l’Atlantique, qui évoque un amour entre une jeune Bretonne et un officier poméranien, tous deux soucieux de dire non à la guerre et d’entrer, au sein de leur vie privée, dans une résistance à l’idée même de la guerre. (Le livre m’a valu plusieurs prix dont le prix Bretagne.)
4) Quel est votre dernier ouvrage ? Pouvez-vous nous le présenter en quelques lignes ? Paru en 2024, Tout est solitude. Qu’est-ce que la solitude ? Une femme s’assoit un matin d’automne à sa table, décidée à définir, une fois pour toutes, le concept de solitude. Bien entendu, elle n’y parvient pas, et le livre tourne à l’observation des solitaires croisés dans les transports, les rues, les salles d’attente, à
l’hôpital, – attention portée par un dialogue imaginaire avec le double de l’auteur, nommé Jef comme dans la chanson de Brel : « Non, Jef, t’es pas tout seul ». Le livre en devient un chant de pitié pour le genre humain malmené.
5) Quels sont vos projets en matière d’écriture ? Fidèle à ma veine profonde, je travaille à des recueils de pensées, impressions, observations, saynètes, bouts de romans tressés de haïkus, – notations diverses qu’on appelle des « Mélanges ». Des textes qui marient sensualité et spiritualité, lyrisme et concision, qui traitent des saisons de l’esprit ; des textes qui se ressentent à la fois de la mélancolie native des Celtes et de leur besoin d’allégresse, de leur impertinence et de leur endurance.
6) Et, vous-même quel lecteur êtes-vous ? Pas une lectrice de fictions divertissantes, de romans commerciaux écrits par des « amuseurs publics ». Mais une lectrice de livres qui creusent l’expérience et la conscience humaines, qui dégagent une vision réfléchie du monde, une philosophie subtile de l’existence, et qui aident à vivre mieux (ou à vivre tout court).
7) Avez-vous participé déjà au salon Lire la Bretagne ? Si oui, dites-nous, en quelques lignes, ce que vous en avez pensé ? Le sentiment d’être en famille. Parmi des gens de bonne volonté. Une atmosphère qui fait monter le sourire du cœur aux lèvres.